Dans le monde de l’endurance sportive, deux indicateurs clés de performance sont souvent évoqués : la Puissance Maximale Aérobie (PMA) et le volume d’oxygène maximal (VO2max). Bien qu’ils soient interconnectés, leur optimisation nécessite des approches distinctes.
On lit souvent que le VO2max et la VMA ou la PMA sont liées, et que si on améliore sa PMA on améliore son VO2max. S’il existe bien une relation entre VO2max et PMA, celle-ci n’est pas totale.
En 2002, alors que j’étais en charge d’un groupe de juniors et espoirs du Pôle Cyclisme de St Etienne, j’étais étonné de voir qu’à la reprise de l’entraînement spécifique début décembre, les coureurs affichaient des VO2max très hautes (60-70 ml/min/kg), avec des PMA en watt assez basses. Quatre mois plus tard, ces mêmes coureurs avaient augmenté leur PMA de 10 à 15 %, mais leur VO2max n’avait pratiquement pas changé. J’ai d’abord pensé que le laboratoire avait dû se tromper…. Mais depuis, j’ai souvent observé ce genre de phénomène, et des études commencent à le démontrer.
Cela suggère que l’amélioration de la PMA peut être plus directement influencée par d’autres facteurs que le VO2max. Par exemple, le rendement musculaire, l’efficacité de la technique de pédalage, et l’endurance neuromusculaire jouent un rôle prépondérant dans l’augmentation de la puissance maximale aérobie. La génétique pourrait également expliquer en partie pourquoi deux athlètes avec un VO2max similaire peuvent montrer des PMA différentes.
Il est aussi intéressant de noter que le développement de la PMA nécessite un entraînement spécifique axé sur des exercices d’intensité élevée, souvent en zone d’effort supramaximal. En comparaison, l’amélioration du VO2max pourrait nécessiter une approche plus équilibrée incluant des efforts longs, continus et modérés en plus de l’entraînement à haute intensité. En définitive, bien que ces deux mesures de performance aérobie soient liées, elles requièrent des stratégies d’entraînement distinctes pour être optimisées.
Ainsi, l’entraînement doit être modulé en fonction des objectifs spécifiques de l’athlète, qu’il s’agisse d’améliorer la PMA, le VO2max, ou les deux. Un programme bien structuré doit non seulement tenir compte de ces facteurs mais aussi intégrer des périodes de récupération adéquates pour permettre une progression optimale.
L’expérience de l’étude
8 triathlètes ont été évalués à 3 moments différents de la saison :
après la période de pré-compétition
pendant la période de compétitions
durant la période de récupération (6 semaine avec un bas volume d’entraînement)
Les qualités évaluées ont été les suivantes :
La consommation maximale d’oxygène (VO2max) : évaluation à partir d’un test progressif sur ergocyle.
La puissance aérobie
La performance anaérobie
Résultats
La VO2max n’a pas changé durant toute l’année. La période prolongée de récupération n’a donc pas eu d’effet sur la consommation maximale d’oxygène des sportifs.
Pendant la phase de récupération, la puissance aérobie décroît. Le niveau du 2ème seuil ventilatoire et de la puissance au 1er et 2ème seuil décroissent également, mais pas le VO2max.
Commentaires
Cette étude confirme un fait bien étayé à savoir que VO2max est un paramètre physiologique robuste. Il se maintient assez longtemps en dépit d’un moindre entraînement. En revanche, bien que le niveau physiologique soit maintenu la puissance du sportif diminue.
Sassi et coll.(2008) ont notamment observé une augmentation significative de la PMA pour un groupe de 13 cyclistes professionnels entre la période de repos hivernal (418 ±46 W), la fin de l’entraînement hivernal (443±48 W) et la période compétitive (455±48 W).
Le sportif court ou pédale moins vite. Ce phénomène révèle que d’autres mécanismes important détermine le niveau de puissance aérobie. Nous pensons que le rendements musculaire, l’efficacité du refroidissement à l’effort, la distribution de l’oxygène vers les organes vitaux sont des éléments qui permettent d’expliquer ce phénomène.
Toutefois, il reste vrai que le VO2max détermine en partie la PMA. Cependant, lorsque les athlètes sont déjà très entraînés et que leur VO2max a déjà progressé après des années de pratiques, on remarque que la PMA varie beaucoup plus que le VO2max lorsque l’athlète réduit ou augmente les charges d’entrainement. En l’absence d’entraînement, le rendement métabolique semble s’altérer considérablement.
A l’inverse, chez des débutants dans les sports d’endurance, on voit une meilleure corrélation entre VO2max et PMA, mais les années d’expériences rendent cette corrélation bien plus subtile.
Pour tout savoir ou presque (sauf ce qui est dit dans cet article) sur le VO2max : Consultez ce site.
Référence
Maximal oxygen uptake and power of lower limbs during a competitive season in triathletes. Galy O, Manetta J, Coste O, Maimoun L, Chamari K, Hue O. Scand J Med Sci Sports. 2003 ; 13(3) : 185-93.
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