Voici un nouveau petit topo sur le record de l’heure. Ayant pour ma part une bonne expérience du cyclisme de compétition et de la course à pied. J’ai autant été coureur à pied que cycliste lors de ma période de furieux compétiteur. Je fais donc un rapprochement entre l’effort d’un coureur à pied sur une course de 10 à 20 km et le record de l’heure sur piste en cyclisme.
Ces 2 efforts ont d’un point de vue énergétique et physiologique caractéristiques proche. C’est a dire qu’on doit maintenir une vitesse stable et critique sans « exploser » en vol. Le début de l’effort semble toujours assez facile si l’on gère bien son effort. On doit toujours se sentir à l’aise sur le 1er tiers (voir la moitié) de l’effort, ne pas du tout avoir l’impression d’être dans le dure. La plupart des coureurs à pied qui ne sont pas assez expérimentés partent un peu trop vite. En effet, courir à 85% de VMA pendant 10′ n’est pas très dure, mais au bout de 20′ à 30′ cela peut devenir critique. Sur ce type d’effort on observe une dérive de la fréquence cardiaque qui augmente alors que l’effort est constant. Mais il y a donc une dérive de la pénibilité de l’effort bien plus importante alors que l’intensité réelle de l’effort est la même. Si vous décidez de courir ou pédaler à 80% de VMA cela va vous sembler facile pendant un certain temps… puis il va se produire une augmentation de plus en plus forte de la pénibilité de l’effort. Si bien qu’au bout d’un certain temps cet effort qui vous semblait confortable devient insupportable. Ceci amène d’ailleurs la réflexion suivante : il n’existe pas de seuil d’intensité qu’on peut maintenir sans exploser, à un moment ou l’autre on explose…..le tout est de pouvoir prédire se moment fatidique ou cela va se produire.
J’ai vécu cette expérience sur marathon. J’ai été très régulier, maintenant le cap des 16 km/h pendant 2 heures sans trop de souffrance, mais les 40 dernières minutes furent de plus en plus dure jusqu’à devenir plus douloureuse qu’un test de PMA sur les dernières minutes. Ma coordination devenait moins bonne, ma lucidité aussi, c’est comme si tout se brouillait, comme si la météo changeait brutalement de la douceur à l’orage.
Sur le record de l’heure, il va se produire la même chose, l’effort va sembler relativement supportable pendant un certain temps, puis il va devenir insupportable jusqu’à la délivrance. Ce type d’effort est très rare en cyclisme, même sur un contre la montre long, on ne rencontre pas tout à fait cette cinétique de la souffrance, car les épreuves sur route présentent des cotes, descentes, virages, du vent… qui font varier l’intensité de l’effort, si bien que que nous pouvons obtenir des instants de relâchement de la souffrance, un peu comme si l’on réinitialise les capteurs de douleur. La fatigue reste, mais la souffrance instantanée diminue. Un peu comme à la fin de votre CLM, la douleur s’arrête brutalement, mais votre organisme est épuisé.
Il faut donc se préparer mentalement à cette perception de la souffrance. Et la meilleure préparation, c’est l’expérience, il faut avoir vécu se genre de souffrance, être capable de ne pas douter malgré la montée de la pénibilité. Il faut s’y attendre, être capable d’apprivoiser cette montée de pénibilité. Sur des courses de vélo on ne se trouve pratiquement jamais dans ce genre de situation avec un effort aussi linéaire. On n’est jamais aussi seul non plus, et cette solitude doit aussi être apprivoisé, car à l’inverse de la course à pied, notre douleur peut être court circuité par le contexte de la course.
L’importance du mentale
Mentalement, on doit aussi apprivoiser la notion de temps. C’est à dire, que si on demande à un sportif de maintenir une vitesse élevée pendant 10′, il va commencer à trouver cela dure pendant les 3 dernières minutes, mais si on lui demande cette même vitesse pendant 20′, il commencera à souffrir terriblement au bout de 15′. C’est un peu comme si notre cerveau était capable de moduler la perception de la souffrance en fonction de ce que nous devons faire comme effort. On peut aussi demander de maintenir cette même vitesse sans donner le temps…. il se peut qu’on repousse encore le moment de l’apparition de la souffrance maximale. Bref, notre perception de la pénibilité peut être impactée pas la connaissance que nous avons de la durée de l’effort à produire ou de la distance qu’il reste à parcourir.
Dans cet exercice, il n’est pas étonnant de trouver souvent des coursiers qui ont dépassés les 30 ans. Avec les années, la physiologie de puncheur mute en physiologie de coureur endurant. On a aussi plus d’expérience pour ressentir et anticiper la pénibilité de l’effort. En course à pied par exemple, il est très fréquent que les meilleurs coureurs de marathon et de semi aient presque 40 ans. C’est une histoire d’adaptation physiologique et mentale à ce type d’effort.
100% de VO2max à 90% de PMA ?
D’un point de vue purement bioénergétique, il se produit aussi quelque chose d’étrange. Un coureur de 10 000 m à pied va courir à 90% de sa VMA et donc en théorie de son VO2max aussi. Or, on observe que si pendant la première moitié de l’effort, la consommation maximale d’oxygène est bien de l’odre 90% de son VO2max, elle se met à augmenter alors que l’effort reste constant. Ainsi, à la fin de son 10 000 m notre athlète courre toujours à 90% de VMA, mais sa consommation d’oxygène est proche de 100% de VO2max. Le rendement énergétique change pendant l’effort, si bien qu’on peut se retrouver à 95% de VO2max alors que la puissance est restée à 85% de PMA. C’est aussi pour cela que des efforts poussés jusqu’à temps limite peuvent permettre d’améliorer notre VO2max.
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