La plupart des articles traitant de la puissance en cyclisme prennent pour référence les puissances développées par les hommes de niveau professionnel. Ici, nous proposons de dresser les bases des puissances développées par les meilleures femmes de catégorie élite en cyclisme ou triathlon.
Exemple sur l’Embrunman (Embrun-wooman) :
Le triathlon longue distance d’Embrun est un des plus difficile, en raison du dénivelé conséquent du parcours vélo (3600 m sur 188 km)/ Les meilleures femmes terminent actuellement le parcours vélo en 6h30. La production d’énergie mécanique pour une triatlète de 58 kg est de 4600 kilojoules, valeur constatée par le capteur de puissance, soit environ 4500 à 4700 kcal pour la triathlète.
La puissance moyenne brute est de 200 watts (3,6 w/kg) et 225 watts (4,1 w/kg) en puissance normalisée pendant 6h301. Au cours de l’épreuve, les femmes ont développées un pic de 20 minutes à la puissance de 260 watts, qui doit correspondre à peu près à la puissance FTP (ou puissance critique), soit 4,7 watts/kg.
Ces puissances au FTP sont remarquables, et lorsqu’on les exprime en watt par kilogramme, elles sont très proches des valeurs que développent les cyclistes professionnels hommes (autour de 5,3 w/kg ± 0,2 contre 4,7 w/kg ±0,2 chez les femmes élites).
Toutefois, les puissances des meilleures femmes du monde en triathlon longue distance peuvent atteindre une puissance brute de 240 watts2 (4,3 w/kg) pendant 5 à 6 h. De telles puissances me laissent perplexes et me semblent douteuses, mais ce n’est pas l’objet de cet article.
Équipe féminine élites Françaises.
Prenons l’exemple d’une équipe cycliste féminine française dont les puissances furent mesurées en 2016 par Maxime CZAJKOWSKI sous la direction de Frédéric Grappe.
7 cyclistes féminines de l’équipe FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope ont participé à cette étude (âge : 25,6 ± 3 ans ; taille : 167,5 ± 5,6cm ; poids : 58 ± 4,1kg). Parmi ces cyclistes, 4 d’entre elles sont professionnelles et 2 sont en catégorie espoir. Elles effectuent entre 15 et 20 000 Km par an et participent à environ 60 jours de course.
Les valeurs de puissance critique furent mesurées entre 239 et 275 watts avec une moyenne de 265 watts, soit 4,56 w/kg.
Les VO2max étaient comprises entre 60 et 74 ml/min/kg selon les profils des filles, les grimpeuses plus légères affichaient un VO2max de 74 et les sprinteuses autour de 60. Les PMA étaient de 300 à 325 watts, soit 5 à 5,9 w/kg.
Sur le test de WINGATE (30 secondes maximales) les puissances moyennes sont de 614 watts, et enfin les puissances maximales étaient comprises entre 671 et 898 watts. Mais j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec des femmes spécialistes sur route et capables d’atteindre 1000 watt pour 55 kg, soit 18 w/kg.
Et dans l’Alpe d’Huez
Lors du dernier tour de 2024, les premières femmes ont gravis l’Alpe d’Huez en 49’50 ». Ce qui permet d’estimer la puissance avec notre calculateur autour de 257 watts ± 10 pour 55 kg (4,67 w/kg). Le record de l’Alpe d’Huez féminin actuel se situe autour de 46 minutes avec une puissance de 283 watts pour 55 kg (5,1w/kg). Ces valeurs sont cohérentes avec les puissances critique et FTP que nous avons pu constater.
Ce qu’il faut noter, c’est que c’est sur les efforts anaérobies en réalité que la différence est la plus marquée. Les femmes ayant moins de masse musculaire, les sprints et efforts courts ne leur sont pas favorables. De même, sur terrain roulant, les femmes sont de nouveau défavorisées du fait de leur masse corporelle qui est inférieure en moyenne d’une dizaine de kilogrammes, soit environ 15 %. En effet, la puissance dépend de la masse musculaire totale et, sur terrain plat, la masse est moins un handicap qu’en montagne. Ainsi, c’est plutôt sur les montées raides que les femmes peuvent parfois rivaliser avec les hommes. D’ailleurs, dans la montée de l’Alpe d’Huez, les meilleures féminines réalisent une montée plus rapide que celle des derniers hommes du TDF. Certes, dans le groupetto on ne s’emploie pas à plein régime, mais tout de même : si l’on regarde le CLM (contre-la-montre) de la montée de l’Alpe d’Huez 2004, les sprinteurs français Jimmy Casper et Jean Patrick Nazon ont monté en plus de 47 minutes ce que parviennent à faire certaines des meilleures femmes.
Sur les CLM, les femmes étant plus petites et plus légères, elles ont globalement un meilleur coefficient de trainée aérodynamique (SCx). Ce qui leur permet de limiter les écarts. Pour vous donner quelques chiffres, là ou un homme pourra rouler à 47 km/h à sa puissance FTP de 370 watts, une femme pourra rouler à 43 km/h à sa puissance FTP de 265 watts. Sur un CLM de 47 km, l’écart entre les deux sera de 5’35 » secondes. Ce calcul se base sur une différence de SCx de 0,25 pour les hommes et 0,23 pour les femmes. Si le SCx était identique l’écart serait bien plus conséquent, dépassant les 7 minutes.
Lire le document complet
- https://blog.2peak.com/fr/la-mesure-du-watt-dans-le-cyclisme-et-le-triathlon/ ↩︎
- Puissance estimée par calcul à partir d’un fichier puissance publié d’une femme de top niveau français, et comparé avec le temps de la meilleure femme du monde sur la même épreuve. L’écart entre les deux femmes étaient de 26′ : (5h02 – 237 watts) et (5h28 – 204 watts) ↩︎
En savoir plus sur Velo2max.com, de retour sur la toile !
Subscribe to get the latest posts sent to your email.