- Préambule
- Quelques molécules pour se doper tranquillement ?
- Le passeport biologique et les AUT, pseudo autorisation à se doper ?
- L'étude anonyme de 2017 de Rolf Ulrich
- Les molécules dopantes non recherchées
- Les moteurs électriques : le grand mythe
- Le mythe du contrôle négatif comme preuve scientifique.
- Le problème du financement de la lutte antidopage.
- Conclusion
Préambule
Les premiers contrôles antidopage sur le Tour de France remontent à 1966. Cette année-là, 87 % des contrôles furent positifs. À cette époque-là, la cortisone n’était pas détectable dans les urines, et l’on sait qu’elle était largement utilisée. La quasi-totalité du peloton professionnel avait recours au dopage. Les principaux doping entre 1950 et 1990 étaient les amphétamines, la cortisone, puis les anabolisants à partir des années 60. Puis, à partir de 1972, on voit se populariser l’autotransfusion sanguine jusqu’à l’apparition de l’EPO en 1990, qui permet de surpasser la méthode de transfusion de sang et de conserver l’effet sur la teneur en globules rouges plus longtemps.
Pensez-vous vraiment que les choses se sont arrangées depuis l’affaire Festina et l’affaire Lance Armstrong ? La dernière équipe cycliste qui a été virée du Tour de France pour dopage collectif est l’équipe Saunier Duval en 2008. Savez-vous que son manager était Mauro Gianetti, l’actuel manager de l’équipe UAE de Tadej Pogacar ?
Pourtant, depuis une dizaine d’années, il n’y pas eut un seul contrôle positif sur le Tour de France. Les deux derniers coureurs exclus pour dopage sont Lucas Paolini en 2015 pour consommation de cocaïne et Nairo Quintana en 2022 pour consommation d’un opiacé contenu dans le tramadol. La chose est vraiment étonnante, le peloton serait il le lieux d’une concentration de la vertus ? Aucun sociologue ou psycho-sociologue n’envisageraient qu’un sport ou l’élite est aussi médiatisé et avec autant d’argent puisse être à ce point vertueux.
Ci-dessous, le nombre de cas de dopage détectés en compétition ou hors compétition en cyclisme professionnel depuis 12 ans. (Source MPCC). Le Mouvement Pour un Cyclisme Crédible (MPCC) vante que la majorité des contrôles positifs appartiennent à des équipes continentales non soumises aux passeports biologiques. Toutefois, ce n’est pas parce que les équipes WorldTour sont plus sérieuses qu’on trouve moins de cas de dopage, mais peut-être parce que les moyens pour mettre en place des protocoles de dopage sont plus importants, ou encore parce que les coureurs soumis aux passeports biologiques disposent d’autorisations à usage thérapeutique de certains dopants tels que la cortisone, le salbutamol, et parfois la testostérone.

Et si les contrôles antidopage étaient peu efficaces, et si les instances chargées d’effectuer ces contrôles étaient sabotées méticuleusement en mode sous marin par des lobbys puissants ? Et si ces instances présentaient des conflits d’intérêts avec les sports qu’elles sont censées contrôler ?
Quelques molécules pour se doper tranquillement ?
La cortisone
La cortisone est utilisée depuis les années 50 en tant que substance dopante, et le test de dépistage antidopage a été développé en 1982. Toutefois, l’Union Cycliste Internationale (UCI) n’a mis en œuvre ce test qu’en 1999. C’est dans ce contexte que Lance Armstrong a été démasqué, ayant prétendu avoir utilisé une crème pour traiter une allergie cutanée afin de justifier la présence de corticoïdes dans son urine.
Les corticoïdes, outre l’effet anti-inflammatoire en cas d’allergie ou de choc allergique, permettent de mettre à disposition plus de glucose pour les muscles, mais aussi plus de lipides. Cette hormone permet d’accroître la quantité d’énergie que les muscles peuvent oxyder et augmente ainsi l’endurance énergétique de manière très significative. Elle est aussi sensiblement euphorisante et antalgique. L’inconvénient majeur est que la cortisone fabrique du glucose à partir des acides aminés, ce qui, à la longue, entraîne une fonte musculaire, la production de métabolites azotés qui altèrent la capacité de récupération. Cela produit également une chute des défenses immunitaires et ralentit le temps de cicatrisation et de réparation des fibres musculaires. Le taux de testostérone et d’hormone de croissance chute sous traitement à la cortisone. Bref, la cortisone est un dopant à double tranchant qui peut mettre l’athlète hors service rapidement. C’est pour cela que les sportifs ayant recours à cette méthode de dopage utilisent divers anabolisants comme la testostérone ou l’insuline ou l’hormone de croissance pour compenser les effets indésirables de la cortisone.
Dans les années 1980, le Dr Bellocq soutenait l’idée d’autoriser le rééquilibrage hormonal pour les cyclistes du Tour de France. Son crédo était l’usage de cortisone et de testostérone en fonction de l’évolution de ces paramètres. C’est dire que cette pratique était courante dans les années 1980, et Bernard Hinault lui-même défendait cela, affirmant consulter le Dr Bellocq. Mais c’est clairement du dopage autorisé et déguisé en thérapie. C’est l’ancêtre du passeport biologique avec ces autorisations à usage thérapeutique.
Certaines études (triathlon) montrent que le temps de maintien d’un effort à 85 % de VO2max est augmenté jusqu’à 11 %. Ce qui veut dire qu’un cycliste capable de rouler pendant 25 minutes à 85 % de PMA pourra tenir cette puissance 2’30 » de plus, soit 27’30 ». Cela est modeste et, en termes de puissance, cela représente un gain de 425 à 433 watts si l’on raisonne en termes de puissance soutenue sur une durée identique, soit environ 1,8 % de puissance supplémentaire. Il est possible que cet avantage soit plus important si l’effort est réalisé en fin d’étape en situation de quasi-épuisement des réserves d’énergie, pouvant atteindre 3 % à 5 % de puissance en plus sur un effort dans le dernier col de l’étape. D’autres études font état d’une augmentation du temps de maintien à 75 % de VO2max de 60 %, mais elles concernent des sportifs de niveau très modeste ayant un entraînement limité.
La prise de 30 mg de cortisone (Prednisolone) entrainera un contrôle positif pendant environ 36 heures. Au delà, le seuil de tolérance en ng /ml dans les urines ne sera probablement pas atteint. Le simple fait qu’il y ait un seuil pour déclencher une analyse plus poussée permet aux sportifs de jouer avec les limites en prenant des doses plus faibles qu’il répètent régulièrement.
Mais le nec plus ultra est de disposer d’une autorisation à usage thérapeuthique de la cortisone pour des allergies par exemple. La chose est aisée et l’UCI ne publie pas la liste des cyclistes disposant de ce type d’autorisation. Il n’y a aucune transparence sur se sujet.
Le salbutamol, l’anabolisant discret.
Le salbutamol est la molécule active de la Ventoline, elle permet la dilatation des bronches pour les personnes asthmatiques. S’il est vrai que les sportifs d’endurance développent plus souvent ce genre de pathologie, son usage peut être détourné. En effet, pour les cyclistes vraiment asthmatique, la réglementation antidopage autorise la consommation de 1600 microgrammes de salbutamol en inhalation par tranche de 24 heures. Ce qui permet de passer en dessous du seuil de 1000 ng / ml dans les urines et de ne pas être déclaré positif. Soyons claire, la dose autorisée est largement au dessus des doses couramment utilisés pour traiter l’asthme. Mais pourquoi donc les sportifs auraient intérêt à prendre du salbutamol ? Tout simplement parce qu’à haute dose il jouit d’un pouvoir anabolisant, favorisant le maintien de la masse musculaire en cas de régime draconien ou l’usage d’autres hormones amaigrissantes telles que les corticoïdes et les hormones thyroïdienne. Lorsque que Christopher Froome fut pris pour dopage au salbutamol, le seuil retrouvé dans ces urines est au dessus de 2000 ng/ml montrait clairement un usage à visée anabolisante et tonicardiaque du salbutamol. Pour atteindre de telle quantité dans les urines, cela veut dire que le salbutamol à été employé non plus sous une forme inhalée mais en cachet de 2000 à 4000 microgrammes. Ainsi, le salbutamol provoque une vasodilatation des bronches, mais aussi des artères cardiaques, favorisant ainsi une hausse du débit cardiaque et potentiellement du VO2max.
Le salbutamol est une molécule très facile à détourner pour son effet anabolisant et tonicardiaque.
L’hormone de croissance
A ce jour, et à notre connaissance, aucun sportif n’a été contrôlé positif à l’hormone de croissance. Cette hormone n’est toujours pas facilement détecter comme l’explique Pierre Sallet en 2019. Aucune méthode directe n’existe à l’heure actuelle pour prouvez sa consommation à des fins de dopage. Or cette hormone a une action directe sur la croissance des tissus et donc sur l’hypertrophie musculaire, le fait de « prendre du muscle » mais pas seulement. Elle stimule également de manière indirecte la lipolyse, d’où la diminution de la masse grasse. Elle comporte également des effets périphériques : des études récentes démontrent que les facteurs de croissance auront une influence sur d’autres hormones, notamment l’EPO, et le couplage du traitement EPO-GH permettrait un effet amélioré du traitement EPO.
L’effet de l’hormone de croissance peut donc être durable car la structuration des tissus musculaire et la perte de masse grasse peuvent être maintenue sans effort. Combiné à des micros doses d’EPO, il est possible de passer systématiquement en dessous des radars des tests anti dopage.
Les hormones thyroïdiennes
Là encore, il y a un vide dans la réglementation antidopage, ces hormones ne sont pas interdites. Et pourtant, elles permettent d’augmenter l’activité métabolique, de perdre de la masse grasse et d’améliorer le rapport poids/puissance, tout en ayant un effet psycho-stimulant important.
On comprend mieux pourquoi depuis une bonne douzaine d’années nous observons des cyclistes perdre subitement du poids de manière drastique (Bradley Wiggins, Christopher Froome). Le peloton compte désormais son lot de cyclistes disposant d’un indice de masse corporelle proche de celui des anorexiques, comme Valentin Paret Peintre. Si d’authentique sportifs disposent naturellement d’un gabarit très longiligne depuis leur enfance, on peu s’étonner de la transformation de certains sportifs.

Une récente étude de l’Université de Berne à étudié le poids des 5 meilleurs cyclistes du classement général des grands Tours entre 1992 et 2022. Ils ont observé une baisse de l’Indice de Masse Corporelle (IMC) passant de 22,12 à 20.13). C’est comme si les cyclistes mesurant 1m80 pour 72 kg au début des années 90 ne pesaient désormais plus que 65 kg en 2022. Et pourtant, le % de masse grasse des cyclistes des années 90 étaient déjà très bas, de l’ordre de 8 à 9%.
L’exemple de Chris Froome devenue rachitique.

Ci contre Christopher Froome avec une première photo à gauche lors de son premier Tour de France (81ème) et ensuite lorsqu’il devient vainqueur du Tour. 1m86 pour 75 kg en 2007 puis 67 kg en 2015.
La perte de poids chez ces cyclistes s’accompagne d’une perte de masse musculaire visible sur le haut du corps tout en conservant une masse musculaire presque normale sur les jambes. Ce qui pourrait révéler un « bricolage » combinant des hormones thyroïdiennes, des corticoïdes, des anabolisants légers pour contrer la fonte musculaire des jambes (Salbutamol par exemple comme le suggère le contrôle de Chris Froome avec un taux deux fois au-dessus des limites thérapeutiques autorisées). Dans un article de l’équipe, on apprend que Chris Froome avait un VO2max de 80 ml/min/kg en 2007, puis 84.6 en 2015, que l’équipe Sky ramène à 88 car ce dernier aurait perdu 3 kg depuis le test de VO2max. Or, ce type de calcul n’est pas vrai. Car le VO2max, c’est la consommation totale du corps, de tous vos muscles et organes. Or, si vous abaissez votre masse grasse et sensiblement votre masse musculaire, votre consommation maximale d’oxygène diminue aussi sensiblement. Le VO2max est certe lié au poids, mais ce n’est pas strictement de l’arithmétique. Les données de puissance publiées font état de 525 watts à VO2max, 419 watts pendant 30 minutes, soit 79.8% de PMA. Sur cette base-là, il n’aurait pas pu développer 400 watts pendant 59 minutes dans l’ascension du Mont Ventoux en 2013 à la fin d’une étape de 242 km. Les calculs lui donnent tout au plus la capacité de produire 385 watts dans cette ascension, car il faut tenir compte de l’altitude finale (1900 m) et de la dépense d’énergie considérable avant le Mont Ventoux.
Le problème de l’hématocrite
Dans les années 1980, avant que l’EPO soit disponible sur le marché en 1990, l’hématocrite des cyclistes professionnels était en moyenne de 43 % de globules rouges dans le sang. L’UCI a dû interdire aux cyclistes disposant d’une hématocrite supérieure à 50 % de prendre le départ des courses. Cette mesure, apparue en 1997, avait pour objectif de faire face aux abus de dopage à l’EPO dans les années 1990. En effet, en 1996, une rumeur courait : Bjarne Riis était surnommé Mr 60 %. Mais évidemment, entre 43 % et 50 %, il y a une marge considérable qui autorise officieusement les cyclistes à disposer d’une hématocrite autour de 48 % via diverses méthodes, allant du micro-dopage à l’EPO combiné à l’hormone de croissance ou à la transfusion sanguine. Si bien qu’en 2020, il semble que le peloton cycliste dispose en moyenne d’une hématocrite de 45,5 %. Le médecin de l’équipe Festina en 1998 avait constaté et expliqué que le taux de 48% était optimale, car au delà, la viscosité du sang était moins bonne.

Comment se fait-il que l’hématocrite augmente dans cette population cycliste professionnelle ? Cela est d’autant plus troublant que les méthodes visant à abaisser artificiellement l’hématocrite sont relativement simples à mettre en place. De nombreux témoignages expliquent comment s’y prennent les sportifs pour abaisser rapidement l’hématocrite en cas de prise de sang (lire à ce titre « Secret Défonce » d’Erwan Menthéour). L’hématocrite est devenu un sujet tabou depuis l’instauration du passeport biologique en 2009. Sous couvert de secret médical, l’UCI ne publie rien.
La transfusion sanguine, toujours d’actualité.
Cette méthode inventée dans les années 1970 était tombée en désuétude lorsque l’EPO est arrivé. Le principe consiste à prélever environ 1 litre de sang en fin de saison, ou lors de périodes creuses. L’organisme va compenser cette perte de globules rouges en quelques semaines, et encore moins avec de l’EPO. Ensuite, on réinjecte le sang en 2 ou 3 fois quelques jours avant une compétition majeure. Cette méthode permet d’augmenter la consommation maximale d’oxygène de 5 à 8 %. Toutefois, depuis que l’on peut détecter la consommation d’EPO sur des tests urinaires pendant au moins 48 heures après l’injection, les transfusions sanguines retrouvèrent leur succès. En effet, on sait que Bernard Khol, en 2008, y avait eu recours avec 3 transfusions pendant le Tour de France, en plus d’une préparation à l’EPO avant le Tour de France.
Aujourd’hui, on sait qu’il est possible d’acheter en Slovénie des appareils permettant de prélever le sang et de le réinjecter au moment venu. Les journalistes allemands de la chaine ARD y sont parvenu assez facilement. La Slovénie est le pays qui compte le plus de coureurs cyclistes sanctionnés pour dopage. Dans les années 2010, on sait que 8 des 19 coureurs évoluant dans des équipes World Tour ont été sanctionné dopage. Ce qui en fait le taux le plus élevé par pays, soit 42%, ce qui est énorme compte tenu de la faible efficacité des contrôles antidopage.
L’énorme avantage de la transfusion sanguine autologue (son propre sang), c’est quelle passe totalement inaperçue lors des contrôles urinaires.
Xénon, caisson hyperbare… tout un panel de procédés indétectables
Pour stimuler la production de globules rouges, la recherche ne s’arrête jamais, et l’on sait que l’inhalation de gaz xénon 3 fois par semaine peut suffire à remplacer des stages en altitude. Il est aussi possible d’utiliser des caissons hyperbares avant les étapes pour saturer le sang en oxygène libre dissous dans le plasma. Cette méthode pourrait potentiellement stimuler la quantité d’hémoglobine dans le sang.
Le passeport biologique et les AUT, pseudo autorisation à se doper ?
A l’origine le passeport biologique visant à surveiller le profil hématologique et stéroïdiens de l’athlète était sensé agir comme une seconde lame de détection des cas de dopage, rendant celle ci beaucoup plus efficace. La réalité est tout autre.
Les contrôles inopinés du passeport biologique.
Les cyclistes du WorldTour sont soumis en moyenne à 3 à 5 contrôles antidopage inopinés par an, un nombre pouvant être plus élevé pour les principaux leaders. Conformément au Code mondial antidopage, un athlète peut cumuler deux manquements de localisation sur une période de douze mois, la violation n’étant constituée qu’au troisième manquement. Ce dispositif présente néanmoins des limites : l’athlète n’est tenu d’être disponible qu’une heure par jour, dans une plage comprise entre 5 h et 23 h, et il lui revient de déclarer une adresse précise où il peut être contrôlé. Dans la pratique, une adresse erronée, imprécise ou difficile d’accès — par exemple un lieu isolé ou éloigné des centres de contrôle — peut compliquer la réalisation effective du test. Cette organisation crée ainsi une vulnérabilité du système, régulièrement soulignée dans la littérature scientifique et institutionnelle, quant à sa capacité à détecter efficacement l’usage de substances telles que l’EPO lorsque leur prise est planifiée pour éviter les fenêtres de contrôle.
L’UCI a été la première fédération sportive internationale à introduire le passeport biologique en 2008 et est toujours à l’avant-garde aujourd’hui. Le passeport biologique comprend un profil hématologique et un profil stéroïde, qui mesurent l’évolution de ces valeurs sur une période de temps. Il s’agit d’une preuve indirecte de l’utilisation d’une substance ou d’une méthode de dopage, qui permet aux cyclistes d’être sanctionnés même s’ils n’avaient pas fourni d’échantillons positifs.
Entre 2008 et 2020 seulement une vingtaine de cyclistes ont été sanctionnés sur la base d’anomalie du Passeport Biologique. Dans le même temps, les contrôles antidopages trouvent 10 fois plus de cas positifs, qui pour la quasi totalité n’ont pas été détecté par le fameux passeport biologique. Ce qui suggère que le passeport biologique est un outil très peu efficace. Une récente étude parue en 2022 montre que les examens du passeport biologique échouaient dans 75% des cas à déceler une manipulation dans le cadre d’un micro dopage à l’EPO à raison de 6 microdoses réparties sur 13 jours.
En 2015, un journaliste anglais pratiquant le triathlon a réussi à piéger le passeport biologique en envoyant 14 échantillons de sang alors qu’il se dopait à l’EPO pendant 7 semaines, faisant progresser son VO2max et sa Puissance Maximale Aérobie de 8 % en quelques semaines. Bilan, les analyses du passeport n’ont rien détecté d’anormal.
Ci dessous une liste de l’UCI classant les cyclistes avec des indices de suspicion de dopage. Sur cette liste, on trouve deux coureurs comme Mondory (Indice 0) et Di Grégorio (Indice 2) qui ont pourtant été contrôlé positif à l’EPO quelques années plus tard. On trouve également David Millar avec un indice faible de 4/10 alors qu’en 2004 il a avouer utiliser de l’EPO. Que dire de Lance Armstrong ou Levi Leiphemer qui présentent aussi un indice de suspicion de 4/10 alors qu’ils ont reconnus l’usage d’EPO pendant toute leur carrière.

Pour aller plus loin, nous avons recensé une douzaine de cas de dopage à l’EPO qui furent médiatisés (il y en a probablement bien plus). Aucun de ces cas ne fut détecté par le passeport biologique de l’UCI. Ce qui met encore en évidence l’inefficacité du fameux passeport biologique.
| Nom | Nationalité | Année du contrôle | Substance détectée | Suspension / Info |
|---|---|---|---|---|
| Lloyd Mondory | 🇫🇷 France | 2015 | EPO | Suspension (AG2R) |
| Davide Appollonio | 🇮🇹 Italie | 2015 | EPO | Suspension longue |
| Fabio Taborre | 🇮🇹 Italie | 2015 | FG-4592 (roxadustat) | Suspension + équipe suspendue |
| André Cardoso | 🇵🇹 Portugal | 2017 | EPO | 4 ans |
| Marion Sicot | 🇫🇷 France (féminine) | 2019 | EPO | 4 ans |
| Wilmar Paredes | 🇨🇴 Colombie | 2019 | EPO | 4 ans |
| Rémy Di Gregorio | 🇫🇷 France | 2018 | Darbepoetin alfa (EPO modifiée) | Suspension |
| Esteban Toro | 🇨🇴 Colombie | 2021 | EPO | Équipe UAE-Colombia dissoute |
| Kacper Gieryk | 🇵🇱 Pologne | 2024 | EPO | Suspension confirmée |
| Daniel Vysocan | 🇨🇿 Tchéquie | 2024 | CERA (EPO 3ᵉ génération) | Suspension confirmée |
| Jesse Ewart | 🇮🇪/🇦🇺 Irlande/Australie | 2024 | EPO | 3 ans + amende |
| Ilkhan Dostiyev | 🇰🇿 Kazakhstan | 2024 | CERA | 4 ans (jusqu’en 2028) |
Le rééquilibrage hormonal est l’ancêtre des Autorisations à Usage Thérapeutique et du passeport biologique.
Nous l’avons déjà évoqué, dans les années 1980 régnait dans le cyclisme l’idée qu’il fallait rééquilibrer le profil hormonal des cyclistes du Tour de France. A la tête de cette idée, le docteur Bellocq, auteur d’une thèse sur le sujet que j’ai l’occasion de lire par curiosité lorsque j’étais étudiant à la fin des années 90. Son idée est de compenser les variations de cortisone et de testostérone. C’est évidemment du dopage, ce qu’il refuse d’envisager préférant comparer ce rééquilibrage à la consommation de bon vins, tandis que le dopage serait l’équivalent de l’alcoolisme. L’argumentation en devient pathétique.
Le problème, c’est que cette idée à fait son chemin, et que dans le cadre du sport, et notamment le cyclisme, le passeport biologique autorise certains médicaments à usage thérapeutique. C’est le cas nous l’avons vu, de la cortisone, de la testostérone et même des amphétamines en cas de trouble de l’attention. La testostérone sera la bienvenu pour compenser l’effet d’une perte de poids extrême des cyclistes frôlant l’anorexie.
L’étude de Michael Ashenden en 2011
Sur cette étude de 2011, l’auteur a dopé des sportifs à l’EPO pendant 15 semaines, provoquant une augmentation de 10% de la masse d’hémoglobine. “Nous avons manipulé le volume sanguin via des injections d’EPO et des transfusions, puis envoyé les résultats aux laboratoires accrédités par l’AMA, qui n’ont pas détecté d’abus. L’AMA a menacé de poursuites et n’a pas apprécié la publication des résultats.”
Depuis, de nouveaux protocoles de détections sont mis en place, mais peuvent toujours être rendu inopérant dans le cas ou l’athlète signale un stage un altitude qui fait varier la masse sanguine rapidement. C’est le gros point faible du passeport biologique, à partir du moment ou l’athlète déclare être en altitude avant son examen, il est difficilement inquiété en cas de prise d’EPO supplémentaire et d’une hématocrite élevée.
L’étude anonyme de 2017 de Rolf Ulrich
Le scientifique Rolf Ulrich de l’Université de Tubingen à mené une enquête anonyme sur plus de 1800 sportifs de haut niveau, révélant que 30 à 45% d’entre eux avaient eut recours au dopage dans les 12 mois précédents. Pourtant les contrôles antidopages donne 1 à 2% de cas positif dans le cyclisme professionnel par exemple.
D’autres études dans le Trail amateurs montrent que 16 % des traileurs amateurs sur l’UTMB avaient recours à des substances interdites (stimulants, corticoïdes, opiacés). Dans cette étude, 50 % des traileurs utilisaient des antidouleurs tels que l’ibuprofène. Cet antidouleur très efficace pour le mal de dents par exemple, s’avère d’aucune efficacité sur la performance sportive. Tout au plus, ce genre de molécule permet de moins souffrir de douleurs articulaires qui sont fréquentes en course à pied.
Les molécules dopantes non recherchées
Certaines molécules comme les ITPP, qui ont pour objectifs de modifier l’affinité de l’oxygène avec l’hémoglobine, ne sont pas présentes sur la liste des substances interdites de l’UCI. Nous avons vérifié, et cela est bien vrai, les ITPP sont absentes de la liste des substances interdites par l’UCI en 2025.
D’autres molécules anabolisantes sont encore aujourd’hui indétectables, c’est le cas de la Formestane (FMST) dont les études concernant sa détection dans les tests antidopage sont récentes et pas encore appliquées.
Plus inquiétants encore, des laboratoires privées peuvent fabriquer des hormones et molécules dont la structure chimiques est différentes des molécules mises sur le marchés, tout en conservant un effet similaire à l’EPO par exemple. En claire des molécules dopantes non référencées peuvent être produites sans difficulté. Elles ne seront pas facilement détectable lors des contrôle antidopage. Évidemment cela demande un budget conséquent.
Les laboratoires clandestins, ce n’est pas un mythe, en atteste l’affaire Balco : L’affaire BALCO (Bay Area Laboratory Co-operative) a éclaté en 2003 et est devenue l’un des plus grands scandales de dopage de l’histoire du sport. Ce laboratoire basé en Californie, dirigé par Victor Conte, fournissait clandestinement à des athlètes de haut niveau une substance dopante de synthèse appelée THG (Tetrahydrogestrinone), surnommée The Clear, car elle était conçue pour échapper aux tests antidopage classiques. Cette molécule avait été développée par le chimiste Patrick Arnold, dans le but de mimer les effets des stéroïdes anabolisants sans laisser de trace détectable. L’affaire a éclaté lorsqu’un entraîneur a transmis anonymement une seringue à l’USADA, qui permit au chercheur Don Catlin de développer un test de dépistage. Les révélations ont conduit à la condamnation de plusieurs figures du sport, dont Marion Jones, Tim Montgomery et Barry Bonds. Le scandale a mis en lumière l’existence de « designer drugs », substances dopantes non référencées, fabriquées sur mesure pour contourner les contrôles. Il a eu un impact considérable sur les politiques antidopage mondiales, notamment en renforçant les outils de détection des molécules furtives.
Bien que l’affaire Balco ne soit pas récente, nous avons la preuve que cela continue, puisque en 2025 les douanes Suisses ont intercepté des anabolisants non référencés. Voir l’encart ci-dessous que l’on peut lire dans le magazine Sport et Vie.

Le dogme du contrôle urinaire et sanguin VS cheveux et ongles
À la fin des années 2010, l’agence antidopage française a commencé à mettre en place des prélèvements de phanères (cheveux, ongles) sur les sportifs. Cette méthode permet de remonter dans le temps et de trouver des métabolites de produits qui disparaissent des urines en quelques jours. Or, cette démarche a suscité dans le peloton cycliste une levée de boucliers au début des années 2010, et bon nombre de cyclistes sont soudainement devenus imberbes, chauves et se sont teints les cheveux de manière à rendre ce genre de contrôle inopérant. Il faut dire que cette méthode avait permis de découvrir la présence de DHEA chez les footballeurs français, alors que les tests urinaires étaient incapables de déceler la présence de cette hormone anabolisante, même en poussant les analyses à fond. Finalement, cette méthode ne sera pas reconnue par les instances telles que l’UCI qui ne reconnaît, de manière dogmatique, que les contrôles sanguins et urinaires. Si vraiment la volonté était réelle de lutter contre le dopage, alors toutes les fédérations et instances mettraient en place les prélèvements de phanères en plus du passeport biologique et des tests urinaires et sanguins. Ce n’est pas le cas, et pour cause, cette méthode est très efficace et pourrait faire tomber beaucoup de sportifs.
IPTT et H7379, le combo gagnant de l’affaire ADERLASS ?
Mais il y a aussi cette affaire « ADERLASS » qui date de 2019 dans laquelle la police autrichienne interpelle 9 skieurs de fond et un médecin lors d’une épreuve de coupe du Monde. Cette affaire à rebondit jusqu’en Slovénie, tiens tiens…. En Juin 2025, un documentaire Allemand montre que cette affaire ADERLASS n’est pas terminé. L’enquête du parquet de Munich montre des ramifications qui entache aussi le Tour de France. Parmi les produits dopants, on trouve le recours à la bonne vieille méthode de la transfusion sanguine, mais aussi une poudre d’un produit nommé H7379. Il s’agit d’hémoglobine lyophilisée capable d’accroître le transport d’oxygène. Bien sûr, ce dopage passe complètement à travers les mailles des tests antidopage, y compris le passeport biologique. On peut parfaitement imaginer la stratégie visant à charger le sang de cette hémoglobine pour accroître le transport d’oxygène, avec la prise des ITPP permettant quant à eux le relargage au niveau des mitochondries.
Les moteurs électriques : le grand mythe
S’il est un mythe qui traine sur le web et parfois véhiculé aussi par la presse, c’est celui des moteurs électriques dans les vélos des cyclistes. Si des technologies artisanales existent, et quelques cas également en compétition, l’usage reste marginale et se cantonne dans le milieux des cyclosportives amateurs ou des courses de villages pour épater les copains. L’UCI met pourtant des moyens considérable pour lutter contre la présence potentielle de moteur électrique dans les vélos. Il s’agit d’une vaste opération de communication suggérant que l’UCI lave plus blanc que blanc. En effet, aucune équipe n’est assez stupide pour prendre le risque de dissimuler un moteur dans le vélo. Dans le cas ou la supercherie est dévoilée il est impossible de se défendre, c’est la honte, l’exclusion, la disgrâce la plus totale pour l’équipe, les sponsors…
Le mythe du contrôle négatif comme preuve scientifique.
Il est important de rappeler qu’un contrôle antidopage négatif ne signifie en aucun cas qu’un athlète n’est pas dopé. Penser le contraire relève d’un amalgame.
Un contrôle négatif signifie simplement qu’aucune substance interdite n’a été détectée à un seuil défini, à un instant donné.
Mais cela laisse de nombreuses zones d’ombre :
- Qu’en est-il des molécules dopantes non encore interdites par les agences ?
- Des substances indétectables ou inconnues, qui n’apparaissent pas dans les bases de données ?
- De la validité scientifique des seuils de détection, qui peuvent être arbitraires ou obsolètes ?
- Des combinaisons de micro-doses de substances différentes ayant des effets synergiques, mais dont aucune ne dépasse individuellement son seuil de détection ?
Le système de contrôle actuel présente donc de nombreuses limites, bien plus importantes que celles des modèles de calcul de puissance basés sur la physique et la physiologie.
Face à cela, une approche holistique est indispensable.
Elle consiste à croiser :
- l’analyse historique des performances dopées et non dopées,
- la connaissance approfondie des limites physiologiques humaines,
- et les modélisations physiques fiables des puissances développées en course.
Cette approche permet de mieux détecter les anomalies et de poser les bonnes questions, bien au-delà de ce que les contrôles antidopage actuels peuvent révéler.
Les tests de contrôle antidopage sont des arguments réglementaires et juridiques, mais en aucun cas il s’agit d’une preuve scientifique, car le « système de mesure » est loin d’être assez précis et fiable pour l’affirmer.

Le problème du financement de la lutte antidopage.
Dans les années 2010 l’Agence Française pour la Lutte Anti-Dopage (AFLD) disposaient d’environ 8 à 10 millions d’euros de budget annuel. Sachez que pour se défendre de son contrôle positif au Salbutamol, Christopher Froome et son équipe ont dépensé 7 millions d’euros en avocat, contre experts, et contre étude. Actuellement c’est la nouvelle agence Internationale Testing Agency (ITA) qui est en charge des contrôles antidopage toutes épreuves et disciplines confondue. Il s’agit d’une fondation Suisse, financé en grande partie par le CIO, les fédérations et par les organisateurs des compétitions qu’elles contrôlent. En effet, l’ITA facture à la société ASO ces contrôles antidopage. Vous ne voyez pas comme un petit problème ?
En résumé, il s’agit d’organiser une compétition et de mettre en place une structure responsable de contrôler les sportifs. Cette structure est financée par l’organisateur. C’est comparable à une entreprise polluante qui assurerait que ses produits sont sains en rémunérant une entité qu’elle a elle-même constituée pour valider ces produits. On marche sur la tête. Même si l’ITA clame son indépendance, cela est impossible dans la réalité. Si du jour au lendemain l’ITA se mettait à avoir des résultats spectaculaires comme l’AFLD sur le Tour de France 2008, tout serait fait pour lui retirer ce pouvoir et nuire à son efficacité comme ce fut le cas après 2008 pour l’AFLD. Jean-Pierre Verdy, son directeur, raconte très bien comment après 2008 les députés ont tenté de passer un amendement visant à casser l’indépendance de l’AFLD pour la rattacher à un ministère, comment son propre pays a mis sur écoute l’AFLD pour protéger Lance Armstrong.
L’ITA dispose d’un budget moyen de quelques 30 millions d’euros, là ou l’équipe UAE disposerait de 60 millions de budget annuel, dont 8 pour le salaire du leader Tadej Pogacar. Comment voulez vous que l’ITA puisse rivaliser dans ces conditions. C’est une blague !
Conclusion
Le dopage semble prendre une ampleur significative, tandis que les contrôles antidopage et le passeport biologique proposés par l’UCI s’apparentent davantage à des mesures cosmétiques qu’à de réelles solutions durables. Ces initiatives, bien qu’elles soient conçues pour rassurer le public et maintenir l’intégrité des compétitions, manquent souvent de rigueur et de sérieuse application, ce qui pose la question de leur efficacité réelle. Au pire, ils peuvent être perçus comme des autorisations déguisées permettant aux cyclistes professionnels de se doper sans crainte de répercussions. Cela crée un climat de méfiance, tant parmi les athlètes que parmi les amateurs de cyclisme. Il n’est donc pas étonnant de voir un coureur comme Tadej Pogačar passer d’une puissance de 410 watts en 2018 sur un effort de 29 minutes à des valeurs de 500 watts pendant 20′, et capable de tenir 450 watts sur 40 minutes à la fin d’une étape de montagne, ce qui soulève des interrogations sur les méthodes d’entraînement et de préparation qu’il pourrait utiliser, ainsi que sur la transparence des résultats de ces performances exceptionnelles.
Article écrit par Q Leplat, en toute indépendance !
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