Préambule : Apporter une critique au bruit de fond médiatique est un devoir citoyen, car dans tous les domaines de la société, les vrais experts savent que ce qui est véhiculé dans les « médias de grands chemins » relève d’une désinformation frappante de la part de médias largement détenus par l’oligarchie industrielle et financière. C’est en grande partie pour cela que je fais ce travail bénévol… parce que je connais le dossier et que j’ai conscience de l’importance d’apporter une contre information à la propagande oligarchique. A ce titre je ne fais qu’apporter dans ce domaine qu’est le sport cycliste un contre point plus sérieux. Imaginez que ce regard décalé soit appliqué dans d’autres domaines, cela donnerait une autre compréhension du monde.
A votre avis, quelle puissance faut il pour qu’un cycliste professionnel roule seul pendant 91 km à 43,4 km/h de moyenne avec 1650 m de dénivelé ?
Comme Pogacar a effectué l’essentiel des 91 km en solitaire, il est possible de modéliser la puissance nécessaire pour rouler dans ces conditions. Pour réaliser cette estimation, nous avons utilisé une méthode de calcul de la puissance avec un modulateur de puissance en fonction des côtes, descentes et terrain plat. Puis nous avons réglé des paramètres de SCX différents en côte (0,3), sur terrain plat (0,27) et descente (0,23). Nous avons intégré un calcul de la dispersion des incertitudes basées sur des simulations Monté Carlo. Les principaux paramètres SCx, Crr, FTP, Pacing sont estimé à ± 5%. Ce qui nous donne une incertitude finale de ± 9 watts. Cette méthode s’est avérée fiable sur nos expériences de terrain, mais également pour évaluer les puissances du CLM avec les coureurs tests qui ont bien voulu publier leur puissance. (Armirail : 389 watts calculé contre 393 mesuré, Taaramae : 356 calculé contre 354 mesuré …)
D’après les simulations que nous avons effectuées, il faut de 348 watts ± 9 étalonné sur un poids de 70 kg) pour parvenir à une telle performance. C’est ce qu’a réalisé Tadej Pogacar en ridiculisant le peloton professionnel après avoir attaqué à 104 km de l’arrivée en restant assis sur la selle. Notre calcul ne tient pas compte de l’effort intense que Tadej à du produire pour faire exploser tout le monde dans le Mont Kigali quelques kilomètre avant, car il a du produire plus de 450 watts pendant plusieurs minutes pour y parvenir, ce qui normalement laisse des traces pour entreprendre la suite de l’aventure.
Ce qui est étonnant, c’est que lors du CLM Pogacar n’avait pu développer que 391 watts ± 9 pendant 52 minutes sans avoir pédalé pendant 4 heures en course au préalable. C’est comme si un autre coureur plus fort l’avait remplacé. En l’espace d’une semaine Tadej s’est il transformé ?
Pavez Sivakov : 299 watt pendant les deux dernières heures
La différence de niveau entre Tadej Pogacar et le reste du peloton est abyssale. A partir du moment ou il s’est isolé, de nombreux coureurs ont tenté en se relayant de revenir, et tous se brulèrent les ailes mêmes en unissant leurs forces. Le 5ème de la course termine à presque 7 minutes. Ces 7 minutes sont perdues en l’espace de 90 km. Ce qu’on peut appeler le peloton termine à 10 minutes perdues en 90 km. En terme de puissance, si l’on prend celle publiée par Pavel Sivakov (70 kg), ce dernier a développé 299 watts pendant les deux heures ou il s’est battue pour rester dans le jeu.

Cette course ressemblait à une course de cadet, avec un jeune qui domine les autres et qui se permet de partir de loin en mode rouleaux compresseurs sans même donner l’air de s’employer. Il n’y a aucune stratégie fine, la méthode consiste uniquement à écraser les pédales quand il le décide et à faire exploser tout le monde. Le cyclisme moderne de très haut niveau n’a jamais ressemblé à cela, sauf quelques rares cas de coureurs ultra boostés par des molécules illicites (Bjarne Riis par exemple).

Double record de l’heure à 53 km/h pour Pogacar
La performance de Tadej Pogacar lors des deux dernières heures du championnat du monde est équivalente à enchainer deux records de l’heure à 53 km/h sur le vélodrome d’Aguascalientes. Et bien sur, après 4 heures courses pour bien s’échauffer. Mais oui bien sur, tout est normal, ayez confiance, les consultants de plateaux TV semblent n’avoir aucun doute et ne pas voir le problème. La solution est toute trouvée, Tadej Pogacar est un prodige, un Mozart du cyclisme (comme l’on nous vend le Mozart de la finance). En réalité, Tadej Pogacar est tout sauf un expert stratégique, il gagne uniquement parce qu’il est beaucoup beaucoup plus fort en attaquant tel un bourrin s’en s’occuper de rien.
Le championnat d’Europe
Scénario identique, avec Pogacar qui attaque quand il le décide et encore une fois il laisse tout le monde sur place. Dans la montée principale qui lui a servi de rampe de lancement, Pogacar a développé 487 watts ± 10. On a cru que Remco et Paul Seixas pouvaient le tenir. Mais l’écart de puissance est tout de même de 25 watts, soit 5 à 6 % d’écart. Même quatre coureurs se relayant ne peuvent pas boucher les 30 secondes une fois la cote terminée.

Les puissances calculées ici sont fiables, car plusieurs coureurs ont publié leur puissance dans cette ascension, il s’agit de Pavel Sivakov (433 watts publiés pour 425 calculés), Mats Wenzel (418 watts publiés pour 414 calculés) et Alex Baudin (390 watts publiés pour 388 calculés).
Paul Seixas est effectivement un jeune homme prometteur. Mais de mon point de vue, sa marge de progression brute (watts/kg) est trop faible, et tant qu’il y aura des mutants capables de développer 450 watts en fin d’étape pendant au moins 30 à 40 minutes, il lui sera impossible de rivaliser. C’était déjà le cas de Thibault Pinot, Romain Bardet, Jean-Christophe Perraud qui furent les derniers Français à monter sur le podium du Tour de France lors de la décennie 2010-2020. Désormais, le top 3 est monté d’un cran.
Conclusion
Une telle domination n’existe pas dans l’histoire du cyclisme moderne depuis les années 50. Ni Eddy Merckx, Bernard Hinault, Indurain, Armstrong… ne pouvait dominer le cyclisme comme le fait Tadej Pogačar. Il n’y a pas à notre connaissance d’autre exemple d’une telle domination, car sur les courses auxquelles il participe cette année, il termine soit vainqueur, soit second et dans le pire des cas 3ème (Milan San Remo) et 4ème lors du CLM de Kigali qui constitue sa plus mauvaise performance. Son taux de réussite n’a jamais été approché dans l’histoire du cyclisme professionnel.
Ressources utiles
Ben Healy a publié sur Strava la puissance du championnat du monde. Toutefois, le fichier d’enregistrement de la puissance est faux. Il est possible que l’étalonnage du couple de son capteur n’ait pas été fait correctement. La puissance moyenne pondérée de 270 watts est physiquement et mathématiquement incompatible avec sa course, et cela d’autant plus que sur le Tour de France, il était capable de produire presque 320 watts de puissances pondérées lorsqu’il a pris le maillot jaune sur le Tour de France. Cette anomalie ne peut pas passer au travers nos outils d’analyse.
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Merci pour cette analyse. Mais quid de cette domination ? Dopage undetectable,dopage génétique, mécanique ou connecté ? Ce qui me surprend le p’us, ce ne so t pas tant ces victoires que la manière physiologique de les courir et les terminer. Mais bon mon humble avis. Wait and see peut-être. Cordialement. Marie Thérèse
Bonjour, j’étais cadet en Bretagne ( Finistère) en 1990-1991, il y avait donc une très grande densité de talents et pourtant un coureur dominait et nous mettait un tour ! Aussi je me demande comment il faisait ( il n’est pas passé pro par la suite), je pense à posteriori que le dopage est endémique dans le milieu cycliste. Pour ce qui est des cadets, il y a encore des différences de maturité physique entre les coureurs qui expliquent les écarts, il y a aussi l’investissement temps dans les études qui varie d’un coureur à un autre. Je pense cependant que même dans ces catégories le dopage existait – je n’ai pas vraiment de preuves : ometta + absence de contrôles-.