Qu’est-ce que le C15:0 ?
Le C15:0, ou acide pentadécanoïque, est un acide gras saturé à 15 atomes de carbone. Contrairement à la majorité des acides gras saturés qui possèdent un nombre pair de carbones, le C15:0 fait partie des acides gras dits à nombre impair, relativement rares dans la nature. Sa formule chimique est C₁₅H₃₀O₂ et il appartient à la famille des acides gras saturés « minoritaires », présents en petites quantités dans notre alimentation.
Ce qui intéressera les sportifs d’endurance, c’est son action sur une meilleure oxydation des lipides à l’effort, son effet protecteur des mitochondries et une amélioration de la plasticité des globules rouges.
Source scientifique intéressante
Les principales sources alimentaires
Le C15:0 est avant tout retrouvé dans les produits laitiers entiers et les graisses de ruminants. Le beurre en est la source la plus concentrée, avec près de 800 mg pour 100 g1. La crème entière et les fromages gras, notamment les fromages à pâte dure comme le cheddar ou le comté, en apportent entre 300 et 400 mg pour 100 g. Les viandes de bœuf et d’agneau en contiennent également, surtout dans les parties grasses.
On retrouve aussi du C15:0 en plus faible quantité dans les œufs, le chocolat noir et certaines huiles végétales comme l’huile de coco. Quelques algues marines peuvent en contenir, mais leur faible teneur totale en lipides limite l’apport global. Cette répartition alimentaire en fait surtout un marqueur de consommation de graisses laitières et de produits issus de ruminants2.
Mécanismes d’action et effets biologiques
Le C15:0 n’est pas qu’une simple source d’énergie. Il semble jouer un rôle de signal lipidique au sein de nos cellules.
Tout d’abord, il contribue à stabiliser les membranes cellulaires en améliorant leur intégrité et leur résistance au stress oxydatif, ce qui aide les cellules à rester fonctionnelles plus longtemps (3).
Ensuite, le C15:0 est un ligand naturel des récepteurs nucléaires PPAR-α et PPAR-δ (4). Ces récepteurs régulent l’expression de centaines de gènes impliqués dans le métabolisme des lipides, la réponse inflammatoire et l’homéostasie énergétique. Leur activation favorise l’oxydation des acides gras, abaisse les triglycérides et contribue à réduire l’inflammation chronique de bas grade.
Certaines études indiquent aussi une interaction avec le système endocannabinoïde et une modulation de la signalisation cellulaire via AMPK et mTOR, deux voies centrales dans la régulation du vieillissement et de la longévité3. Enfin, des effets sur la fonction mitochondriale ont été décrits, avec une amélioration de la production d’ATP et une réduction du stress oxydatif intracellulaire (3).
Données scientifiques et santé humaine
Des études épidémiologiques de grande ampleur ont montré que des taux sanguins plus élevés de C15:0 sont associés à un risque réduit de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de syndrome métabolique4.
Chez l’animal, la supplémentation en C15:0 améliore la santé hépatique, diminue les marqueurs inflammatoires et augmente la longévité en bonne santé (3). Chez l’humain, les essais cliniques restent limités mais les premières données sont prometteuses : des apports de 100 à 300 mg par jour semblent améliorer la glycémie à jeun, réduire la rigidité des globules rouges et améliorer le profil lipidique5.
Un nouvel acide gras essentiel ?

La vétérinaire et épidémiologiste Stephanie Venn-Watson a largement contribué à populariser cette molécule. Ses travaux, initialement menés sur les dauphins du programme de recherche de la US Navy, ont montré que les individus les plus sains présentaient les niveaux sanguins les plus élevés de C15:0. Elle propose que cet acide gras soit reconnu comme un nouvel acide gras essentiel, le premier depuis la découverte des oméga-3 et oméga-66.
Cette hypothèse repose sur trois arguments : le C15:0 est indispensable pour la santé cellulaire, il ne peut être produit qu’en très petites quantités par l’organisme, et son apport alimentaire est en baisse dans les pays industrialisés avec la réduction de la consommation de produits laitiers entier, mais aussi à cause de l’alimentation des ruminants (Boeufs) qui consomment de plus en plus de soja et autres tourteaux céréaliers pauvres en C15:0.
Toutefois, il convient de signaler que Stephanie Venn-Watson est cofondatrice et employée par Epitracker, Inc. et Seraphina Therapeutics, Inc., qui détiennent des droits de licence exclusive aux États-Unis. Cette entreprise veut commercialiser des acides gras saturés à chaîne impaire en tant que produits de santé humaine et animale. Nicholas J. Schork, co rédacteur de plusieurs articles est cofondateur et consultant de Seraphina Therapeutics, Inc.
A cet égard, il convient d’être prudent, car cet acide gras, même s’il est à terme démontré qu’il est bon et essentiel pour la santé, sera nécessairement l’objet d’une mise en lumière à des fins mercantiles avec toutes les dérives que cela peut comporter. (exagération des effets, marques low-cost de mauvaises qualités…)
Recommandations nutritionnelles
On pourrait penser qu’il faut consommer plus de produits laitiers pour satisfaire des apports important dans cet acide gras C15:0, mais ce serait une erreur de miser sur les produits laitiers. En effet, il est important de maintenir un ratio équilibré entre les apports en calcium et magnésium dans le cadre de la santé cardio vasculaire7 8. L’excès de calcium pouvant accélérer la calcification des artères et les rendre plus rigides et plus sujettes à l’hyper tension9. A l’inverse le magnésium est reconnu pour des effets favorables à la santé cardio-vasculaire (hypotenseur)10 et une réduction de l’inflammation entre autre11. L’autre inconvénient des produits laitiers c’est qu’il contribue à acidifier l’organisme, tout comme les viandes. Il faut donc trouver un équilibre entre l’apport en viandes, produits laitiers et légumes et fruits qui peuvent contre balancer l’effet acidifiant de l’organisme. Il est donc indispensable de conserver un apport modéré en produit laitiers (2 portions / jours maximum) et de miser plutôt sur le beurre pour obtenir cet acide gras. En effet, le beurre ne contient pas de calcium et contient 800 mg de C15:0 pour 100 g. Une consommation de 10 g à 20 g de beurre en apport donc 80 à 160 mg de C15:0.
Conclusion
Le C15:0 est un acide gras singulier, à la croisée de l’alimentation et de la signalisation cellulaire. Ses effets vont bien au-delà de son rôle énergétique : il semble agir comme régulateur du métabolisme, protecteur des membranes et anti-inflammatoire naturel.
Même si les recommandations officielles n’existent pas encore, viser un apport régulier via le beurre, des viandes de ruminants et dans un second temps de produits laitiers entiers de qualité, des fromages (2 produits laitiers maximum par jour) peut être une approche simple pour maintenir un taux circulant adéquat. De futures études permettront de préciser les doses optimales et de confirmer si le C15:0 mérite d’être classé parmi les nutriments essentiels à la santé et à la longévité.
Références
- ClinicalTrials.gov. Pentadecanoic Acid Supplementation in Young Adults at Risk for Metabolic Syndrome (NCT04947176). Disponible sur: https://clinicaltrials.gov/study/NCT04947176 ↩︎
- Jenkins B, et al. Odd Chain Fatty Acids; New Insights of the Relationship Between the Gut Microbiota, Dietary Intake, Biosynthesis and Glucose Intolerance. Sci Rep. 2020;10:5307. doi:10.1038/s41598-020-64960-y ↩︎
- Venn-Watson S, et al. Pentadecanoic Acid (C15:0): An Essential Fatty Acid for Maintaining Metabolic, Immune, and Liver Health. Curr Opin Endocr Metab Res. 2023;35:100979. doi:10.1016/j.coemr.2023.100979 ↩︎
- Venn-Watson S, Lumpkin R, Dennis EA. Efficacy of Pentadecanoic Acid (C15:0) in Activating PPARα and PPARδ to Support Metabolic and Inflammatory Homeostasis. PLoS One. 2022;17(6):e0268778. doi:10.1371/journal.pone.0268778 ↩︎
- Forouhi NG, et al. Differences in the prospective association between individual plasma phospholipid saturated fatty acids and incident type 2 diabetes: the EPIC-InterAct case-cohort study. Lancet Diabetes Endocrinol. 2014;2(10):810-818. doi:10.1016/S2213-8587(14)70146-9 ↩︎
- Imamura F, et al. Circulating Odd-Chain Fatty Acids and Risk of Type 2 Diabetes: A Systematic Review and Meta-analysis. Nutr Rev. 2019;77(9):692-706. doi:10.1093/nutrit/nuz012 ↩︎
- Rosanoff A, Weaver CM, Rude RK. Suboptimal magnesium status in the United States: is the current magnesium RDA adequate? Nutr Rev. 2012;70(3):153–164. ↩︎
- Dai Q, et al. The ratio of dietary calcium to magnesium intake and risk of type 2 diabetes. Am J Clin Nutr. 2012;95(6):153-160. ↩︎
- Bolland MJ, et al. Calcium supplements with or without vitamin D and risk of cardiovascular events: reanalysis of the Women’s Health Initiative. BMJ. 2011;342:d2040. ↩︎
- Kass L, et al. Effect of magnesium supplementation on blood pressure: a meta-analysis. Eur J Clin Nutr. 2012;66:411–418. ↩︎
- Hruby A, et al. Magnesium intake is inversely associated with coronary artery calcification. JACC Cardiovasc Imaging. 2014;7(6):591–600. ↩︎
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