Deux performances notables ont été enregistrées sur le contre-la-montre (CLM) du Mont Saint-Michel, un parcours de 33 km avec un départ à 88 m d’altitude et une arrivée à 6 m, soit un dénivelé global négatif de 82 m. Cependant, le parcours cumule tout de même 66 m de dénivelé positif, avec plusieurs petites côtes.
- Juan Antonio Flecha a réalisé le 46ème temps en 39’40 », développant une puissance moyenne de 391 watts pour une vitesse de 49,91 km/h.
- Matteo Tosatto a terminé 71ème en 40’16 », avec une puissance moyenne de 403 watts, soit une vitesse de 49,19 km/h.
Le meilleur temps a été réalisé par Tony Martin en 36’29 », à une vitesse de 54,24 km/h. Mais quelle puissance a-t-il développée ?
En modélisant les performances, il est possible d’estimer que pour égaler Tony Martin, Flecha aurait dû produire 503 watts sur 36’30 » avec un SCx de 0,235 (0,25 sans vent de dos).
Tosatto, quant à lui, aurait eu besoin de 533 watts avec un SCx de 0,25 (0,27 sans vent de dos).
Pourquoi Tosatto a-t-il développé 403 watts tout en roulant plus lentement que Flecha, qui n’a eu besoin que de 391 watts ?
La réponse réside probablement dans une différence de coefficient de traînée aérodynamique. Bien que ces deux coureurs mesurent 1,81 m, Tosatto pèse 74 kg contre 71 kg pour Flecha, ce qui se traduit par une surface frontale potentiellement plus importante. De plus, dans les côtes, Tosatto aurait dû fournir plus de puissance que Flecha, tandis que l’avantage de poids dans les descentes est limité au-delà de 60 km/h, où l’aérodynamisme devient le facteur dominant.
Quant à Tony Martin, qui pèse 75 kg, il aurait pu rouler à 54 km/h avec seulement 434 watts s’il avait bénéficié d’un SCx exceptionnel de l’ordre de 0,2 contre 0,25 pour Tosatto. Cela équivaut à maintenir 400 watts sur 36 minutes. Il est peu probable que Martin puisse développer 500 watts pendant 36 minutes, même avec les techniques de dopage les plus avancées. Cela représente une puissance de 6,7 watt par kg. Pourtant, il est aussi peu probable que son SCx soit de 0,2. La performance de Tony Martin est exceptionnel, cela ne fait aucun doute. On peut largement attribuer une puissance de 450 watts à Tony Martin lors de ce CLM, ce qui le place dans la catégorie des coureurs aux performances suspectes, ainsi que Froome qui termine à une poignée de secondes.
Cette analyse montre l’importance primordiale de la traînée aérodynamique dans les performances de cyclisme. Il est également peu probable que Christopher Froome ait un SCx meilleur que celui de Contador, Valverde ou JC Péraud, qui ont pourtant été relégués à plus de 2 minutes de Froome. Mesurant 1,86 m pour 68 kg, même avec une position optimale et le meilleur matériel, il est difficile de croire que Froome ait un avantage aérodynamique suffisant pour justifier un tel écart. La différence est bien plus à chercher dans le poids de ces coureurs. En effet, Péraud, Contador ou Valverde pèse 10% de moins que Froome, ce qui leur confère une moins grande puissance en valeur absolue. Cela constitue donc un handicap pour eux dans ce CLM légérement descendant.
Enfin, en comparant les performances passées, Flecha en 2011 était bien plus fort qu’en 2013. Sur l’étape Issoire – Saint-Flour, il avait développé 446 watts sur 20 minutes et 496 watts sur 5 minutes en fin d’étape, contre 391 watts pendant 40 minutes sur le CLM du Mont Saint-Michel en 2013. Cela révèle une condition physique nettement supérieure en 2011.
Note :
Le SCx est le coefficient de traînée aérodynamique. Le « S » représente la surface frontale (en mètre carré), tandis que le « Cx » est le coefficient aérodynamique lié à la forme de l’objet. Par exemple, une sphère de 1 m de diamètre offre moins de résistance à l’air qu’une plaque de tôle de la même taille. Les valeurs de SCx pour un coureur en position CLM sont généralement autour de 0,25, mais peuvent descendre sous 0,2 pour les plus petits gabarits. Miguel Indurain, mesurant 1,88 m pour 78 kg, avait un SCx estimé à 0,28 lors de son record de l’heure sur piste, en raison de sa taille et de sa position moins aérodynamique sur le vélo.
La résistance de l’air augmente avec le cube de la vitesse. Par exemple, une boule en acier et une boule en plastique de même taille tomberaient à la même vitesse depuis la tour Eiffel, mais il faudrait plus d’énergie pour soulever la boule en acier.
Référence :
http://www.srm.de/news/road-cycling/le-tour-de-france-stage-11/
(3) : http://home.trainingpeaks.com/races/2013-tour-de-france/stage/11.aspx
(4) http://quentin-leplat.org/2011/07/11/traverseedelauvergneflechaonlevelecapot/
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